Les aventures de Jack Turner
L’homme arriva à la gare à 19 h 30. Il semblait préoccupé par la densité de population qu’il trouva à cette heure avancée de l’après midi… Mais n’écoutant que son courage il se dirigea vers la taverne la plus proche, s’élança vers le comptoir en lançant à la cantonade une assertion des plus concise :
« Un café, s’il vous plait ! »
Le silence se fit alors dans les lieux, et l’homme sentit une goutte de sueur perlée sur son front,celle-ci insatiable à l’extrême finit ensuite sa course dans les méandres de sa pilosité pectorale ; une sensation qui en temps normal l’aurait ravi au plus au point, mais il eût fallu pour cela qu’il se soit retrouvé dans la chaleur exotique d’une plage caraibéenne, et non à la gare de Messy les Fougerolles, là, où il se trouvait au moment où la goutte de fluides sébacés ,s’était échappée de son épiderme …
« Mais bien sur, monsieur, tout de suite. »
Cette phrase du barman lui permit de reprendre son souffle et le léger mouvement de tournage de dos que celui-ci effectua permit à l’homme d’essuyer prestement l’espace comptoir d’on il disposait, pour installer son coude et la tasse de café à venir …Il tourna alors sa tête de 45 ° et découvrit à sa droite un homme au physique avenant et courtois avec qui il pensait pouvoir établir un contact dans cette ville, qui pour l ‘instant, semblait assez hostile à son égard. Les mots qui lui vinrent, furent les suivant :
« Hé, ben dites donc, il fait pas très beau aujourd’hui ! »
En guise de réponse, L’homme aquiesca d’un mouvement de tête des plus désinvolte puis s’en retourna à la contemplation de son verre de bourgogne, bien qu’il sembla à notre héros qu’il s’agissait plutôt d’un bordeaux …Dépité par tant de mépris, voire de goujaterie il remit son visage en face du comptoir pour découvrir qu’un café fumant emplissait à présent son espace vital. Requinqué à cette vision, il se tourna vers le serveur et lui fit un clin d’œil ce qui, il le comprit plus tard, ne fut pas sa meilleure idée de la journée.
Les aiguilles de l’horloge tournaient bien vite et il se trouva être déjà 19h 47 quand notre héros se sortit de sa rêverie axée sur la sensation de touché un tapis afghan et de regardé un documentaire sur les cétacés en même temps… Pour se rendre compte qu’il n’avait pas une minute à perdre s’il voulait trouver une chambre d’hôtel pour la nuit, il quémanda donc sa note à l’aubergiste pour s’en aller sur le champ ; qu’elle ne fût pas sa surprise quand celui-ci lui lança :
« Allons, vous n’allez pas partir si vite nous n’avons même pas eu le temps de faire connaissance ! »
Impressionné par une telle maîtrise du français dans un tel lieu de perdition, notre héros ne sut que dire et bafouilla que « s’aurait été avec plaisir… » Mais qu’il s’en devait de ce pas « quérir une chambre d’hôtel au meilleur prix…. ». Ce à quoi le barman répondit qu’il n’y avait « pas de problème » du fait que « son cousin était maître d’hôtel au Dordogna », et que ce lieu s’ouvrait à toutes les bourses du fait des origines modeste de son propriétaire. Devant tant de courtoisie et la perspective d’obtenir une chambre dans un lieu dont la philosophie semblait plus qu’avenante, notre héros fût pris au dépourvu et s’en fût forcé de répondre par la positive… Le tavernier s’empara alors d’un combiné téléphonique caché avec astuce sous le comptoir, puis demanda après un certain Rémy.Il lui exposa les faits puis s’enquit du patronyme de notre héros. Ce à quoi celui ci répondit :
« Jack Turner. »
Après moult discussion sur les tenants, aboutissants et bienfaits de la pêche à la ligne en eau douce, Jack, bien peu instruit sur le sujet il faut l’avoué, s’en remit à un bâillement pour faire comprendre à son interlocuteur qu’il était temps pour lui d’aller ce coucher et s’enquit auprès de lui de la direction du fameux « Dordogna». Le barman sembla un peu peiné d’en finir avec cette conversation et ses yeux s’embuèrent de larmes à la perspective du départ de Jack, il lui fit savoir vertement :
« Moi qui pensais avoir trouver un ami en la personne de vous-même …De m’en voir éconduit de la sorte, mon cœur se sent outragé …J’exige réparation ! »
Se sentant pris au piège par les sanglots de l’homme, Jack fût pris d’un accès de tremblote aigu et ne sachant que dire, il s’élança de tout son poids vers une table de touriste espagnol fraîchement débarqué de Santa-Paz, pour s’affaler au beau milieu de leurs cafés-crème et Perrier citron. L’aubergiste, d’un vif mouvement du bassin synchronisé d’avec les cuisses, s’évada de derrière son zinc pour s’élancer à la poursuite de Jack qui s’échappait sous les hués des espagnols renversés qui, bien que choqués, n’auraient pas dût se laisser aller à tant de dérapages verbaux et autres billevesées. Ce que Jack ne manqua pas de souligner pour lui-même, retenant le mot cono pour la prochaine fois où il croiserait un Ibère indélicat. Très en confiance au niveau physique depuis quelques mois, il se dit quand même que les 6 whiskies que le barman lui avait offerts, commençaient à peser un petit peu sur son estomac et quand il s’en fût arriver à bonne distance du bar. Il s’arrêta pour reprendre son souffle à l’intersection de la rue des jonquilles et de l’avenue Fernand Lacouture, héros de la résistance. Un frisson d’effroi lui parcouru l’échine quand il se rendit compte que l’aubergiste, ne prêtant aucune attention à l’accident de terrasse provoqué par Jack à l’encontre des vacanciers espagnols, s’était littéralement jeter à sa poursuite et qu’il n’était maintenant qu’à une très faible distance de sa position ; au point d’ailleurs , qu’il put apercevoir par l’entremise de l’éclairage des sémaphores de la rue des jonquilles, le visage de son poursuivant défiguré par un rictus de colère et d’apathie.
Il prit de nouveau les jambes à son cou, mais cette fois ci elle s’emmêlèrent et il s’en retrouva cul par-dessus tête, dans une position bien peu adéquate à l’action de prendre la fuite telle qu’il se l’était figuré auparavant ! Cette maladresse bien malheureuse, Jack la paya sur le champs car son ancien compagnon de babillage l’avait d’ors et déjà rejoint et s’apprêtait à le rosser sans vergogne au moyen d’un objet contendant, qui bien qu’ayant la facture d’un légume inoffensif tel que le concombre, se trouvait en fait n’être qu’une matraque repeinte à la hâte par un artisan peintre n’ayant pas le goût du travail bien fait. Il va sans dire qu’il n’aurait pas déplu à Jack que l’outil de son agresseur fût vraiment un légume, mais la vie est faite de petites désillusions sans lesquelles celle-ci manquerait singulièrement de piquant…
Ainsi donc, Jack se défendait corps et biens contre le bistrotier, tout en tentant d’usé de son savoir-faire diplomatique…Mais son agresseur , armé d’une fureur de viking et d’une colère de Hun ne semblait pas prompt à la réouverture d’un dialogue.
__ Mais enfin vous ne pouvez pas me cogner sous le prétexte fallacieux, que j’aurais refusé …ARG …De poursuivre cette conversation à bâtons rompus avec vous. ARG !
__A rompus, rompus et demi …répondit l’homme dont le bras droit semblait mu par une énergie démoniaque.
C’est alors qu’une chose bien étrange se passa…Un labrador, qui observait la scène avec beaucoup d’attention depuis une paire de minutes se mit soudain à aboyer en direction des 2 pugilistes sans prendre faits et cause pour aucun d’entre eux. Ce court intermède d’expression canine permit à jack de se défaire de l’emprise du bistrotier pugiliste et de reprendre sa course à travers la ville ; son opposant esquissa une amorce de démarrage tonitruant, mais une providentielle crotte de chien , sur laquelle celui ci dérapa permit à Jack de le semer .